I forget to remember when I am with you

Nouveau ! Suivez notre aventure en podcast grâce au festival La Brèche et au travail de Julia Macarez et Swann Bonnet
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Création originale pour cinq festivals

Nous avons commandé à la jeune compositrice singapourienne Diana Soh 5 pièces, une pour chaque festival, et chacune dans le respect d’un cahier des charges qui illustre les spécificités de chacun : couleurs des programmations, lieux de restitution, artistes concernés. De longs échanges préalables et une rencontre en Savoie avec tous les partenaires ont déterminés la compositrice à une ambition supplémentaire, un tour de force : les 5 œuvres seront conçues pour être superposées, donc jouées en même temps, par les 5 formations d’artistes qui auront préalablement créés dans chaque festival une partie de cette fascinante construction. Cette conclusion se donnera à entendre le 12 octobre 2024 à l’Espace Malraux à Chambéry, au cours d’un grand concert donné par l’orchestre des Pays de Savoie, plusieurs solistes de renommée internationale, et un Chœur amateur savoyard.

Le déroulé

11 mai · La Brèche festival

Lucas Henry (contrebasse) & Marie Soubestre (soprano)

à 20h au Prieuré, Le Bourget-du-Lac

01 août · Festival Musique et Nature en Bauge

Quatuor Béla

à 20h30 à l’Église de Lathuile

04 août · Festival les Nuits d’été

Ensemble 20.21 (chœur)

à 20h30 à l’Église des Carmes, Pont-de-Beauvoisin

21 septembre · Bel-Air claviers festival

Jean Rondeau (pianoforte) & James McVinnie (clavecin)

à 20h au Théâtre Charles Dullin, Chambéry

28 septembre · Les Nuits romantiques

Claire-Marie Le Guay, piano ; Orchestre des Pays de Savoie Pieter-Jelle de Boer, direction

à 20h au Centre des Congrès, Aix-les-Bains

12 octobre · Création mondiale

Restitution de l’œuvre complète avec l’ensemble des artistes présent·es lors des cinq Festivals.

à 20h à l’Espace Malraux, Chambéry

Le mot de la compositrice

Ma proposition est de composer cinq pièces distinctes et uniques pour chacun des festivals participant au projet, cinq pièces pouvant néanmoins être superposées créant ainsi une 6ème dans l’esprit d’un ‘mille-feuilles’, l’écriture musicale étant directement inspirée des spécificités artistiques et géographiques de chaque festival.

« I forget to remember when I am with you » est donc un travail ‘multi-perspective’ qui superposent des parties existant pour elles-mêmes pour créer une méta-structure. Chaque partie est unique et un tout, et raconte sa propre histoire, cependant, ce n’est qu’en l’associant et la mettant en relation avec une autre pièce qu’elle propose une toute nouvelle perspective, dévoilant ainsi un autre aspect de sa propre histoire. C’est donc un projet qui conduit à développer l’écoute. L’aspect global de ce qui sera une œuvre ambitieuse pour orchestre cache un monde secret et plus intime. Ce projet est dans la continuité d’une pièce, « Of smaller things », écrite en 2019 pour l’ensemble autrichien ‘Schallfeld Ensemble’, dont le point de départ vient d’une réflexion : « Quelquefois, l’expérience individuelle ou personnelle n’est pas tout à fait la même qu’une expérience partagée de la même occurrence. Quelle est la nature de la relation à l’autre et aux autres ? Est-ce que le tout est mieux que chacune des parties ? Est-ce qu’exprimer sa propre vérité a plus de force que le pouvoir de La vérité ? Et avons-nous même le temps aujourd’hui d’essayer de se mettre à la place des autres ? Peut-être que le monde serait meilleur si nous prenions la peine d’écouter la musique qui n’est pas encore écrite ou n’a jamais encore été entendue ?

Je suis une compositrice singapourienne qui ne s’intéresse pas seulement à écrire de la musique, mais aussi à réagir au monde qui m’entoure.

La plupart du temps, j’ai des réactions au monde qui m’entoure qui sont probablement tout à fait inappropriées à exprimer ouvertement et je crée donc un monde secret où je peux être librement et commenter librement. Mais plus important encore, je m’accorde cet espace où je peux créer une expérience sonore - et parfois visuelle - pour mon public où lui aussi peut sortir de la (leur) situation et puiser dans ses propres expériences pour prendre son envol ; ressentir et entrer dans de nouveaux mondes.

C’est mon journal personnel, si vous voulez, que je partage avec mon public.

J’aime observer les gens dans toutes les situations et j’aime raconter des histoires. (Mal)heureusement, mon médium est la musique et c’est ce que je sais faire, donc je raconte des histoires qui sont - faute de meilleurs mots - « énigmatiques » et « codées ».

Je crois sincèrement qu’écouter de la nouvelle musique en soi est toujours un défi car nous devons tous suspendre notre jugement pour recevoir un message codé ou même quoi que ce soit.

En particulier en ce qui concerne la musique, il existe une profonde conviction collective selon laquelle c’est une question de « goût » et donc seule la musique que j’écoute et que j’aime est de la musique et le reste n’est que du bruit. Pensez simplement au nombre de fois où des mères du monde entier ont crié après leurs enfants en leur disant « éteins ce bruit  »… Je suppose que c’est bien d’être ainsi avec la musique, mais ce qui est effrayant, c’est que parfois parce que nous sommes aussi c’est souvent ainsi dans la société…

Je n’écris pas délibérément de bruits bizarres et je n’essaie pas délibérément d’être politique dans mon travail. J’utilise simplement des sons qui me plaisent et des sons avec lesquels j’aime construire une pièce. Je vis simplement la vie et, comme tout autre être humain, j’ai une opinion sur la vie vécue, mais parce que je travaille dans le domaine des arts, j’esthétise tout. Oui, même la violence.

Toute musique est expérientielle et là pour nous apprendre à ressentir et à aimer. Ce que j’espère faire en tant que créatrice, c’est viser une expérience véridique, bien construite, et toujours en relation avec le monde qui nous entoure.

Résidant actuellement à Paris depuis 2011, j’aime toujours mettre des notes sur du papier, manger de la bonne nourriture et m’inspirer de la vie culturelle vibrante de la ville.

Portrait de Diana Soh

Biographie

Née en 1984, Diana Soh est une compositrice d’origine singapourienne, basée à Paris. Reconnue pour l’intégration des nouvelles technologies dans son écriture musicale et passionnée par le geste théâtral, Diana Soh adresse des problématiques d’ordre socio-culturel dans sa musique par le biais d’une interaction très poussée avec ses interprètes avec qui elle recherche couleurs et sonorités spécifiques pour « composer l’impossible » (Concert Classic).

Décrite comme « un compositeur à suivre » (Diapason), sa musique « très énergétique et galvanisante » (ResMusica), lui vaut une reconnaissance internationale : Young Artist Award (Singapore National Arts Council), Impuls (Autriche), Prix 2015 de Composition Musicale (Fondation Prince Pierre de Monaco), Prix Impuls en 2017 et, en 2021, le PRIX SACEM (Fondation Francis et Mica Salabert).

Cette année, une commande de la réunion de cinq festivals dans les Alpes et de l’Orchestre des Pays de Savoie : I forget to remember when I am with you se matérialisera par un ensemble de cinq pièces jouées par diverses formations, réunies en une seule pour le dernier concert prévu en octobre. En juillet, Diana sera à nouveau au Festival d’Aix-en-Provence pour la création de I linger lately beyond my time, créé par la soprano Claron McFadden et l’Ensemble Intercontemporain. La fin de l’année sera riche avec trois créations : une commande du Quatuor Arditti pour son 50ème anniversaire (Philharmonie de Paris), ‘Un-broken’ écrit pour la mezzo-soprano Rosie Middleton avec flûte et ‘The Body Electric’, qui sera créé à Singapore par le SYC Ensemble Singers pour célébrer leur 60ème anniversaire.

Ses projets traduisent la poursuite de son travail sur la voix qui a toujours eu une place particulière dans le parcours de cette ancienne chanteuse avec, notamment, les créations de Tu es Magique au Festival Présences avec la Maîtrise de Radio France et Ackee pour Sequenza 93. Plus récemment, Carmen Cour d’assises (un projet porté par les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Chapelle Musicale Reine Elisabeth, ensemble Ars Nova, Cie MPDA-Alexandra Lacroix, Fondation Gulbenkian, La Monnaie/De Munt, TAP - Théâtre Auditorium de Poitiers, OARA, Ensemble Lucilin, Opéra National de Bordeaux, Opéra de Limoges et ENOA) initie son entrée dans le monde lyrique et revisite la tragédie de la célèbre héroïne; L’avenir nous le dira pour et avec de jeunes chanteurs à l’Opéra de Lyon sera créé au printemps 2025, La Ville-Zizi pour la soprano anglaise Laura Bowler à l’automne ; une liste à laquelle s’ajoutent les récentes commandes du Festival Manifeste avec la mezzo-soprano Rinat Shaham et l’Orchestre Philharmonique de Radio France, et de La Belle Saison pour tout un concert dédié au quatuor vocal.

Les pièces instrumentales ne sont pas en reste pour autant avec la pièce pour la clarinette augmentée de Robert Ek, une pièce pour orgue On off and on again, créée à la Philharmonie de Paris et Of the Spaces between pour l’ensemble autrichien Schallfeld.

Le catalogue de Diana compte également des pièces pour orchestre dont A is for Aiyah (Elise Chauvin, soprano et le Singapore Symphony Orchestra). sssh créé par le quatuor Mettis au festival d’Aix en Provence (2018), Zylan ne chantera plus pour Opera de Lyon – hors les murs, et My other self, (Grand Théâtre de Provence - festival Nouveaux Horizons) marqueront son parcours d’une pierre blanche.